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Le territoire de la commune formé
au Dévonien supérieur, il y a 360 millions d'années,
recèle plusieurs types de marbres un Ste Anne de couleur
gris brun tacheté de blanc, un marbre noir semblable
à celui de Dinant, un marbre rouge parsemé de
polypiers. Tous ont une grande solidité avec un beau
poli et furent utilisés pour fabriquer des châssis
de fenêtre, des carrelages ou des dessus de meuble.
Les premiers signes de l'activité marbrière
remontent au XVIIIe siècle avec la présence
de marbriers venus des villages belges voisins en quête
de matière première pour les travaux d'embellissement
des maisons nobles ou bourgeoises du Hainaut ou de la Flandre.
Durant cette période plusieurs carrières s'ouvrirent
au côté d'une scierie le long de la Thure et
de la Hante.
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Un atelier
vers 1910
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La scierie
Empain
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La
marbrerie Celi-Henaut
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La scierie
de Reugnies
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A la fin de
l'Empire, l'établissement du protectionnisme provoqua
une élévation des droits de douane sur les marbres
travaillés importés en France. Dès 1825,
de nombreux marbriers belges vinrent implanter leurs ateliers
à Cousolre. Avec les déchets du sciage et en
important des marbres belges bruts, il confectionnèrent
des cheminées simples, dites capucines pour le marché
français.
Durant la période 1840 -1850, l'activité marbrière,
grâce à l'amélioration des conditions
de transport et à l'essor du marché parisien,
connaît une véritable révolution. Pour
la première fois on importe du "carrare"
d'Italie, via Anvers, et des fabricants parisiens viennent
installer des ateliers à pendule nécessitant
une main-d'uvre minutieuse et nombreuse pour polir et
assembler des petites pièces.
Le système du crédit bancaire et la vente à
la commission facilitèrent la multiplication de petits
ateliers. En 1850, il y avait à Cousolre 6 carrières
et scieries, 20 ateliers de cheminées employant 600
ouvriers et 15 ateliers à pendule avec 350 salariés.
Cependant 80% des productions étaient contrôlées
par les marchands-marbriers de Paris. |
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Outils
pour la sculpture
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Atelier
de la marbrerie Cappelliez-Hénaut
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Groupe
d'ouvriers de la marbrerie Gobet-Carette à
Reugnies
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Fontaine
Bongniart
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Fontaine
Bongniart
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Dessus
de table
Heuclin
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La
politique des grands travaux du Second Empire conduite par
le Baron Haussmann stimula toutes les productions marbrières.
Les marbres verts des Alpes, le "Campan" et le "sarrancolin"
des Pyrénées, la "brèche" du
Var et les "brocatelles" et "rouge antique"
de l'Aude mais aussi le "bleu turquin", "le
portor" et la "brèche violette" d'Italie
sont travaillés à Cousolre. Un tailleur de pierre
invente le tour à marbre permettant la fabrication
de colonnettes et de coupes. Des cheminées de style
Henri II, Louis XIII et Louis XV sortent des ateliers pour
aller orner les grands hôtels parisiens ainsi que de
nombreux modèles de pendule comme la "Chateaubriand".
A partir de 1860, le traité de commerce signé
par Napoléon III facilite les exportations vers l'Angleterre
et son vaste empire.
L'apogée de l'industrie marbrière se situe entre
1870 et 1914. Aux marbres français et italiens s'ajoutent
désormais ceux d'Algérie, du Mexique, du Brésil
et d'Espagne, plus colorés, ils décuplent la
créativité des sculpteurs et de tous les artisans
graveurs et modeleurs. Des cheminées monumentales sont
réalisées pour l'Hôtel de ville de Paris,
de grandes vasques servent à la restauration des jardins
de Versailles, plusieurs monuments commémoratifs sont
élevés de Boulogne-sur-Mer au Mexique et au
Chili. Tout ce savoir faire fut valorisé par des cours
pratiques de gestion mais aussi de dessin et de sculpture
dirigés par de grands maîtres comme Fagel. Les
récompenses se multiplièrent lors des expositions
internationales et s'illustrèrent par un prix de Rome.
En dépit des destructions occasionnées par les
deux guerres mondiales et les crises économiques successives
l'industrie du marbre survécut à Cousolre jusqu'à
la fin du XXe siècle. |
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Gaine
Dendien
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Cheminée
Dendien
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Cheminée
Dendien
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Cheminée
Dendien Frères
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Détail de cheminée
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Pendule
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Texte et photos de Jean Heuclin
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